Quelles sont les clés pour sortir de l’attachement ?
Des multiples philosophies et voies spirituelles prônent le détachement comme voie pour atteindre le bonheur ou sortir de la souffrance. Mais qu’entendons-nous par détachement ?
Je le définirais comme la capacité à vivre pleinement dans l’instant présent. Quand nous sommes totalement dans le moment présent, le passé et le futur n’existent pas, nous sommes alors libérés des poids du passé et devant nous s’ouvre un espace de multiples possibilités.
Pourquoi on s’attache ?
L’inconnu est pour la majorité des êtres humains source d’insécurité.
Dans le besoin de se sentir en sécurité, la plupart d’entre nous cherche à se construire des repères solides et à les maintenir et/
ou à prévoir tout ce qui pourrait être un danger. L’attachement prend racine dans la peur de l’insécurité et du manque. Les
repères et moyens de protection mis en place deviennent nos attachements : idées, croyances, famille, travail, argent, partenaire,
comportements… La sécurité ainsi obtenue est illusoire car malgré tous nos efforts, ce à quoi on s’est attaché peut disparaître et, à ce
moment-là, notre réalité s’effondre, ouvrant la porte à l’inconnu. La vie est mouvement, changement et l’inconnu en fait parti.
Choisir le détachement ?
Pour beaucoup de personnes le détachement rime avec froideur, indifférence, tiédeur, vide, sans émotion… et cela ne les attire
surtout pas. Moi non plus. D’autres, qui sont dans une recherche spirituelle ou ont simplement pour but d’éviter la souffrance, essaient
d’aller vers le détachement en se coupant de leurs émotions, se désinvestissant de la vie en mettant de la distance avec les êtres. En
faisant ainsi ils se coupent de la vie.
À l’inverse de ce que certains pensent, quand nous sommes dans le vrai détachement l’amour est plus profond, la vie plus vibrante,
la joie plus intense… Vivre le détachement ne signifie pas ne pas avoir d’émotions, être indifférent ou ne pas s’investir avec tout son
cœur dans la vie, dans des projets. Vivre le détachement signifie que nous ne cherchons pas à retenir ce qui quitte notre vie, que nous
ne nous accrochons pas à une idée, à une croyance, à un résultat, à une émotion… Nous ne cherchons pas non plus à contrôler la
façon dont les choses devraient se passer. Nous retrouvons alors la capacité de profiter de ce qui existe là, maintenant, dans notre vie. Ce détachement découle du vécu de la complétude, du fait d’être complètement vivant et capable de s’enchanter de tout ce qui nous entoure. Nous portons tout naturellement notre regard sur ce qui se passe dans l’instant même. Pas besoin d’effort pour nous détacher, nous entrons complètement dans le présent. Devant nous se déploie l’inconnu, champ de tous les possibles, dans lequel nous pouvons avancer en liberté et en sécurité.
Clés
1. Plonger dans l’instant présent : focaliser notre attention sur notre corps, nos sensations, ce qui se passe en nous, là, maintenant, sans l’analyser ni le commenter.
2. Nourrir le sentiment de confiance dans la vie va nous permettre de nous sentir en sécurité dans l’inconnu. Un premier pas est d’expérimenter le sentiment de gratitude au quotidien.
Pour cela, portez votre regard chaque jour vers 5 bonnes choses qui existent dans votre vie, prenez le temps d’apprécier chacune d’elles en ressentant dans votre corps le bien-être qu’elles génèrent. Soyez créatif, tout peut être source de gratitude.
3. Se désidentifier de son histoire personnelle. Cela rend notre identité plus souple, nous permettant ainsi d’aller beaucoup plus facilement vers le nouveau. Un bon début pourrait être de vous habituer à ne pas justifier vos actes
Coral Jardon, thérapeute à distance
Paru dans Strada n°33