La blessure d’abandon revêt plusieurs manifestations
La peur de l’abandon peut conduire à la dépendance affective. L’idée de perdre un ou plusieurs proches – ami(e), famille, enfants, partenaire… – est insupportable et génère de grandes angoisses. La personne développe alors des stratégies multiples et variées pour
garder ces êtres près d’elle.
Le manque de confiance en soi, la peur de ne pas être à la hauteur peuvent aussi être en lien avec une blessure d’abandon.
Quand l’enfant vit un abandon, que cet abandon soit réel ou ressenti, il va essayer de lui donner un sens, et souvent il conclut que lui-même n’est pas « comme il faut ». Ce manque de confiance en soi entraîne par la suite un besoin de reconnaissance. Il attendra que les êtres qui comptent le plus pour lui, ainsi que son entourage quotidien, lui confirment sa valeur en tant que personne.
Que faire ?
Toutes les stratégies que l’on peut mettre en place pour garder les liens dont on est dépendants conduisent paradoxalement à l’abandon de soi. À force de vouloir être en accord avec ceux dont on cherche la reconnaissance ou l’approbation, on va, par exemple, s’épuiser au travail pour que ce que l’on fait soit « parfait » ; on va se rendre indispensable pour s’assurer de ne pas être abandonné ; on veut tellement plaire que l’on va effacer sa personnalité, renoncer à ce qui est essentiel pour soi.
Le sentiment de ne pas être comme il faut peut aussi générer une honte de soi. On refrène ses désirs, ses envies, ses émotions, sa parole… sa vie. Renoncer à soi-même crée un sentiment de vide et peut amener à la dépression.
Le vécu d’abandon peut créer une grande colère, voire de la rage, et un profond sentiment d’injustice. Il peut conduire la personne dans une méfiance permanente envers les autres : s’ils m’ont abandonné une fois, comment être sûr qu’ils ne le feront pas à nouveau ?
La peur de l’abandon peut conduire à la peur de l’engagement. La souffrance de la séparation, l’abandon, serait tellement insupportable que la personne choisit de se protéger en évitant les liens profonds, en se coupant des autres. Si je n’ai besoin de personne, si je ne m’attache à personne, personne ne peut m’abandonner donc je ne souffrirai pas.
Cela peut donner des personnes qui vivent très seules ou au contraire des personnes qui ont beaucoup de relations mais qui ne vont pas dans un lien profond et quotidien.
Manque de confiance dans la vie : si l’enfant se sent abandonné, il va avoir du mal à intégrer la sécurité de base qui s’acquiert dans la première enfance.
Le chemin pour guérir la blessure d’abandon passe par la réappropriation de ses forces intérieures, de la confiance en soi et dans la vie ; il suppose que l’on retrouve le lien profond à soi-même, à qui on est, que l’on reconnaisse ses désirs, ses envies, ses pensées et que l’on ose être soi.
Le processus de guérison est une mutation profonde de soi, de sa façon de voir la vie.
Se réapproprier ses forces intérieures, reconnaître ses désirs, ses envies, ses pensées et oser être soi.
Beaucoup de difficultés que nous rencontrons dans notre vie d’adulte puisent leurs origines dans une blessure d’abandon vécue dans l’enfance. Une telle blessure ne naît pas forcément d’un abandon réel mais de la perception que l’enfant a eue de la
situation vécue. L’enfant peut ressentir l’abandon quand il se sent exclu, humilié, rejeté, maltraité, trahi, face au décès d’un de ses parents, quand il ne se sent pas soutenu, pas écouté…
Dans le sentiment d’abandon, il y a une sensation de solitude profonde accompagnée d’autres sentiments comme l’injustice, la trahison, la tristesse, l’impuissance, la colère, l’angoisse… Nous pouvons nous sentir abandonnés même en étant bien
entourés.
Coral Jardon, thérapeute à distance
Paru dans Strada n°37