A un moment ou à un autre nous avons tous ressenti et exprimé un désaccord envers au moins un aspect de notre monde. Pour certains cela ne va pas plus loin, tandis que d’autres vont réfléchir plus ou moins en profondeur à comment le monde devrait être.
Quand nous nous confrontons à un décalage important entre le monde que nous rêvons et la réalité dans laquelle nous vivons, nous pouvons ressentir que c’est en dehors de nos possibilités d’y changer quelque chose, et entrer dans une sorte de résignation. On se dit qu’on ne devrait pas agir comme ceci ou cela mais comme tout le monde le fait, ça ne changerait rien à la situation si on était tout seul à agir autrement. Est-ce vrai ? Quelle est notre part de responsabilité dans ce que nous vivons ?
Notre bien-être émotionnel peut être perturbé par les informations
Nous sommes confrontés quotidiennement à une multitude d’informations nous propulsant en permanence vers l’extérieur, cela peut être très déstabilisant au niveau émotionnel. En même temps, il y a ce sentiment assez généralisé qu’il est important de rester informés, que nous avons besoin d’informations pour prendre des décisions, c’est vrai, mais seulement en partie.
J’ai fait une expérience très intéressante.
Quand j’habitais à Paris, pendant mon trajet en métro, j’avais l’habitude de méditer. Un jour j’ai remplacé cette habitude par une autre, je me suis mise à lire le journal. Pourquoi ? Parce qu’à chaque fois que je parlais avec une de mes collègues, très au courant de toutes les actualités, j’avais l’impression d’être une cruche. Au bout d’une semaine de cette nouvelle pratique, je me suis rendu compte que mon état intérieur avait profondément changé, j’avais un fond subtil d’anxiété, un état d’inquiétude permanent. Cela aurait pu passer inaperçu si je n’avais pas expérimenté juste avant un état paisible, complètement à l’opposé.
Ce que j’ai retenu, c’est qu’il ne s’agit pas de rester dans l’ignorance, mais de mettre de la conscience dans notre façon de gérer les informations. Il y a un équilibre à garder entre notre besoin d’informations et notre bien-être émotionnel.
Sommes-nous conscients de ce que nous contribuons à créer ?
Le type d’émotions que nous ressentons est très important pour diverses raisons, l’une d’entre elles est qu’elles ont une influence importante en dehors de nous. En 1983, à Jérusalem, des chercheurs américains ont lancé un ‘Projet international pour la paix au moyen Orient’*. Des personnes entraînées à la méditation devaient aller dans les lieux en conflit et ressentir la paix comme étant déjà une réalité. Ils devaient rester en dehors de tout jugement par rapport à la guerre et tous ceux qui y étaient impliqués.
À chaque fois que cette expérience a été menée, il a été constaté que la paix s’installait pendant le temps que ces personnes vivaient ce ressenti et donc qu’un petit nombre de personnes peut transformer une situation. Plus précisément, s’agissant d’un conflit dans une ville d’un million de d’habitants, il suffirait de 100 personnes vivant l’état de paix intérieure pour rétablir la paix.
Nous sommes puissants
Cette expérience nous montre que nous sommes tous reliés, que ce que nous vivons ne concerne pas que nous, et que nous sommes loin d’être impuissants. Notre état intérieur participe très concrètement à la création du monde dans lequel nous vivons.
Observons ce que nous vivons à l’intérieur de nous et nous verrons ce que nous participons à créer à l’extérieur de nous. En fait, nous ne pouvons créer que ce que nous sommes, alors transformons-nous ! Si seulement un nombre de personnes beaucoup moins important de ce qu’on pourrait croire arrive à incarner la paix, le respect, la collaboration, le partage… alors notre monde deviendra cela.
Transformation intérieure
Dans un premier temps, à partir de votre cœur, identifiez clairement la réalité, le monde dans lequel vous souhaitez vivre. Détaillez cette vision.
Puis observez vos émotions, vos pensées et vos actes : sont-elles en harmonie avec votre vision ? À chaque fois que vous décelez un décalage, ajustez votre émotion, votre pensée, votre acte, pour qu’elle soit cohérente avec votre vision.
En même temps que vous réalisez cette transformation intérieure, réactivez et nourrissez votre lien à la nature.
Sans lui, peu importe la beauté du monde que nous rêvons, rien ne sera possible.
Coral Jardon, thérapeute et coach
* Cette expérience a été publiée dans le Journal of Conflict Resolution, Vol. 32, 1988
Paru dans Strada n°50